• David Aubaile, piano, wurlitzer, fx, voices, composing
  • Chris Jennings, contrebasse, fx
  • Karim Ziad, batterie
  • Feat Michel Alibo & Frédéric Deville

Record & mix : Christophe Sarlin, Studio du Regard

Artwork, photos : Hugo Thomas, Jeff Ludovicus

Tchaï Label, distribué par Inouie / Believe

Booking : Tour’n’sol Prod.


Il y a peu, David Aubaile s’en est allé, à vélo, quelques semaines sur les routes de France, trainant derrière lui un piano droit portable. Il a ainsi donné, avec son compère conteur, des concerts dans les villages de France, offrant sa musique à qui voudrait l’entendre, s’invitant chez l’un ou chez l’autre, au gré des évidences. Ce périple en dit beaucoup sur cet artiste hors norme, qui décèle en la musique une dimension qui la dépasse, comme une sorte de lien possible entre les êtres.

Flutiste et pianiste, Aubaile a grandi dans une famille de mélomanes et de voyageurs scientifiques. Il a suivi des études de musique, de droit aussi, et de japonais ancien… Autant dire qu’il est un homme curieux, une sorte d’original, un touche à tout brillant que seuls guident désir et curiosité. S’il a roulé sa bosse aux côtés de Brigitte Fontaine, Oumou Sangare, Ziggy Marley, Blick Bassy, Oxmo Puccino, Salif Keita, ou Julien Lourau (…), il a également, au fil des années produit de saisissantes créations personnelles (« Thinko« , « Hima« , « Dolce Ostinato« ). Son monde musical ignore les frontières et il aime à se définir comme une sorte de « trafiquant » de musique, un « spécialiste de rien », qui ne maîtrise fondamentalement aucune tradition ou folklore mais a eu la chance de sʼen imprégner in situ, lors de ses nombreux périples à travers le monde. La sève de ces musiques lui a été transmise au fil des rencontres, comme une tradition orale précieuse et naturelle qui librement circule dʼun artiste à l’autre. David Aubaile a fait de son environnement musical une sorte de folklore personnel et imaginaire, qui connecte les uns aux autres des mondes que l’on imaginait distants.

C’est dans cet espace inconnu que lʼon découvre « TRAFIQUANTS », un album joyeux et transgressif, le manifeste dʼun kleptomane musical généreux, et le foisonnant journal de bord dʼun explorateur, dʼun flibustier du son. L’ensemble des compositions originales qui le constituent est porté au plus haut par le contrebassiste canadien Chris Jennings et le batteur-chanteur- compositeur algérien Karim Ziad, eux-mêmes baroudeurs polyglottes. Aubaile a imaginé chacune de ces pièces comme autant de cartes postales dédiées à ceux qu’il nomme les « trafiquants »; des poètes qui avancent de guingois, comme à rebours du temps, qui se nourrissent de tout et de rien, fabriquant ainsi de singulières richesses. Malgré la multiplicité de ses composantes, la complexité de ses métriques et la subtilité de ses structures, la musique de David Aubaile sʼoffre, limpide et accessible, parce quʼelle est délivrée avec une largesse et un talent qui la placent à la fois hors piste, et en plein au cœur de ce dont notre époque a tant besoin: une ode vivifiante et joyeuse à un monde sans barrières.

Texte par Daniel Yvinec